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رائع Les femmes algériennes soufies : Une mémoire dans l’oubli

مُساهمة من طرف chikh الثلاثاء 20 مايو 2008 - 2:19

Le cas de Lalla Zeineb de la zaouïa rahmaniya d’El Hamel de Bou-Saâda (1863-1905)

Sur l’élection du lieu, la légende et l’histoire se
relaient et se confondent pour nous donner une des plus belles histoires de fondation de cité musulmane : au commencement, au VIIIème siècle de l’hégire (XVème), le saint, m’rabit Ben Aïyoub, venus avec ses compagnons de la saquiyat el Hamra après avoir été chassés d’Andalousie, erraient d’un lieu à un autre pour diffuser la foi musulmane déchue en pays chrétien. Ils firent halte en ce lieu pour retrouver un peu de repos et de fraîcheur au bord d’un de ses oueds. Ces errants, hamlin, après un rêve prémonitoire de leur maître Sidi Aïyoub, décidèrent de rester en ce lieu qu’ils nommèrent à partir de leur propre situation d’errants. Ils fondèrent donc El Hamel - l’errant -,et ses habitants, les ancêtres de sidi M’had ben Belgacem, furent appelés shorfa El Hamel.

C’est donc un shrif par le sang, un m’rabit. Il est de fait couronné de la dénomination de Sidi El Mrabit, qui lui confère un savoir temporel et spirituel. Ajoutons à cela son affiliation à l’ordre soufi de la rahmanya de laquelle il acquit un bagage spirituel des plus sûrs. Une double légitimité était ainsi accordée à notre saint qui allait le doter de pouvoirs qu’il était difficile de ne pas lui reconnaître. L’administration coloniale elle-même, hésitante au début, traitant ces marabouts de fanatiques, comprit rapidement qu’il était plus judicieux de le mettre dans son camp. Elle renforça donc son pouvoir en lui accordant le statut de médiateur privilégié entre elle et les tribus qui lui étaient hostiles. Nous sommes en effet en pleine période de révoltes qui, dans ces régions du Sud algérien, vont s’intensifier pour connaître un pic en 1868 avec celle de Boubaghla puis, en 1871, avec celle de Mokrani qui en marquera la fin et consacrera l’installation définitive de la colonisation pour plus d’un siècle. Sidi Mhammed ben Belgacem évita les pires ennuis aux tribus qui contribuèrent manifestement aux révoltes, notamment celle des Ouled Naïl. Une partie de la famille Mokrani qui ne fut pas déportée fut ainsi prise en charge par la zaouïa et une rue leur fut affectée dans El Hamel.

C’est dans cette atmosphère politico-religieuse des plus mouvementées de l’histoire de l’Algérie que va être élevée Lalla Zeineb, la fille unique de Sidi M’hamed ben Belgacem.

Il sut très tôt qu’il devait l’élever dans la plus stricte éducation, pour lui permettre d’assurer dignement sa succession. On sait que, très petite, elle suivit son père dans ses nombreux déplacements à travers le pays pour étendre sa baraka et rendre visite à ses fidèles. Un des moqaddem de la zaouïa assura son éducation coranique, lui apprit les rudiments de l’écriture et l’initia aux principes de la zaouïa. A-t-elle réellement pu gravir les différentes hiérarchies de l’ordre ? La question reste posée car nous n’avons pas pu avoir accès aux archives de la zaouïa, dispersées entre les héritiers dont chacun détient une part, la gardant jalousement comme un butin.

Quoi qu’il en soit, à la mort de son père, en 1897, elle n’eut d’autre choix que de répondre au vœu du défunt de prendre avec abnégation la direction de la zaouïa. On peut penser que le charisme de Sidi M’had ben Belgacem était tel qu’on ne pouvait qu’exaucer son voeu. Mais les enjeux étaient de taille et cette nomination causa un trouble extrême, auprès de l’administration coloniale, en premier lieu, qui protesta contre cette nomination. En effet, toute nomination devant recevoir son aval pour être exécutée, elle avança que le cheikh ne laissait point de testament écrit. C’est en fait sur les cousins de Lalla, et notamment ceux qui avaient faits allégeance avec la zaouïa rivale des Oulad Djellal, que le commandant Crochart, administrateur militaire de Bou-Saâda, tablait. Le jeu de l’administration coloniale est bien connu : il s’agissait de maintenir la balance dans le sens qui lui était le plus favorable…
Il y avait également un enjeu économique : Lalla héritait d’une importante fortune que les rapports des administrateurs passèrent au peigne fin. En 1897, cette fortune s’élevait à plus de 40 000 francs de l’époque, non compris les bâtiments de la zaouïa. Elle se répartissait en différents produits : un troupeau (5 000 frs), des cultures et labours (12 000 frs), des jardins (16 000 frs) et une des ziyara (plus de 3 500 frs). Sans oublier les bijoux en or et argent dont Eudel9, dans son bel ouvrage sur la garantie algérienne, nous offre quelques spécimens. Cette fortune, l’administration coloniale tenait à la préserver car elle en tirait profit par l’impôt qu’elle exigeait chaque année. Et l’administration n’avait pas confiance en Lalla
Zeineb, une femme, lui préférant la garantie d’un homme, comme le cousin qui aspirait à cette direction.
Le pouvoir spirituel, dont elle hérita, était tel que l’on compta, en 1897, 164 moqaddem, ayant créé à travers le pays 29 nouvelles zaouïas affilées à Elhamel où enseignaient 168 taleb à 2 000 étudiants, et 43 000 personnes se déclarant adeptes de l’ordre.

Des chiffres qui firent peur à l’administration qui pensait au spectre de la dernière insurrection laquelle, sous la bannière de la confrérie rahmaniya, avait réussi à rassembler toutes les tribus pour le djihad, la guerre sainte, contre l’ennemi. Cette crainte était justifiée par le fait que les fils de Mokrani, Brahim et Mohammed Seghrir, vivaient depuis 1872 sous la protection de la zaouïa. On dit même qu’un des petits-fils était élevé par Lalla. Le rapport de l’administrateur remarquait qu’à ce petit-fils de Mokrani, elle destinait sa fortune et pourquoi pas la direction de la zaouïa.

Du côté des cousins, on prétendait qu’en tant que femme, elle ne pouvait accéder au poste de moqaddem de la hiérarchie de l’ordre, qui lui donnait droit à la direction. On lui suggéra d’épouser le prétendant à la direction. Ainsi l’honneur serait sauf, le futur mari s’occuperait des affaires importantes tandis qu’elle aurait sa part de responsabilité mais resterait dans l’ombre comme il est d’usage dans nos contrées. Mais Lalla ne l’entendait pas de cette oreille. Elle s’attacha à faire respecter le vœu de son père. De plus, elle se trouvait prête pour prendre de telles responsabilités et s’y était préparée. Ses partisans, et notamment la tribu des Ouled Naïl dont sa mère était issue, allaient l’y aider en la soutenant sans férir.

Elle-même usa de son pouvoir spirituel, faisant appel au rêve prémonitoire par lequel son père l’aurait enjointe par trois fois : « Je te dis ma fille après moi, c’est toi et après toi, c’est ton cousin ».

Lalla Zeineb avait l’envergure et le charisme de son père. Le prestige religieux qu’elle exerça découlait principalement de la vénération dont son père avait été l’objet. Elle y ajouta sa part à elle de générosité et surtout de bonté et son inépuisable charité qui la rendirent populaire. Le commandant Crochard se déclara vaincu, finissant par reconnaître le pouvoir politique et spirituel de Lalla. Il notait ainsi dans un de ses rapports : « En Zineb j’ai trouvé une femme intelligente, trop prudente pour s’engager de suite dans la voie des concessions, se tenant avec moi sur une grande réserve ; tous mes efforts enaceraient de se briser contre son grand désir de ne rien céder à son cousin » La tradition orale affirme cependant que les cousins n’auraient jamais admis cette situation et l’auraient contrainte à épouser l’un d’entre eux. Elle aurait fini par abdiquer, diton, et se serait vêtue de ses plus beaux atours pour ses noces mais aurait exigé que sa rencontre avec son futur époux se fasse dans le sanctuaire où reposait son père. Elle était déjà affaiblie par la maladie lorsqu’elle aurait prit cette décision et on dit qu’elle serait morte non dans les bras de son époux mais sur la tombe de son père... Cette légende confirme bien que la société locale n’admettait que difficilement le pouvoir de cette femme, même auréolée de baraka. Ehna m’asalimine oua mktefin (nous lui sommes soumis, pieds et poings liés), dit la société par la voix de cet adage pour composer avec cette anomalie sociale.

Ce pouvoir avait un prix. Lalla renonça aux joies et aux plaisirs de la vie. Son costume même reflétait son dévouement. Elle se présentait à ses convives et à ses fidèles sans le voile propre aux femmes du Sud. Habillée en robe blanche et suffisamment ample, la tête ceinte du cheich, turban propre aux hommes, elle recevait, traitait ou négociait avec les touristes de passage, ses fidèles et les personnalités des tribus ou tout autre personne et leur accordait la baraka tout en égrenant son chapelet avec sérénité. De ce renoncement, elle confia tout son regret à son amie Isabelle Eberhardt : « Ma fille…, j’ai tout donné toute ma vie pour faire le bien dans le sentier de Dieu ... Et les hommes ne reconnaissent pas le bien que je leur fais. Beaucoup me haïssent et m’envient. Et pourtant, j’ai renoncé à tout : je ne me suis jamais mariée, je n’ai pas de famille, pas de joie… »

Curieusement, le destin va unir ces deux femmes dans une mort très proche : Isabelle, en pleine santé, mourut tragiquement le 21 octobre 1904, quelque mois après cette rencontre, dans la crue d’un oued à Ain Sefra, tandis que Lalla Zeineb ne tarda pas à la rejoindre, succombant à la maladie le 26 novembre 1905.


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مُساهمة من طرف chikh الثلاثاء 20 مايو 2008 - 2:25

Sur l’élection du lieu, la légende et l’histoire se relaient et se confondent pour nous donner une des plus belles histoires de fondation de cité musulmane : au commencement, au VIIIème siècle de l’hégire (XVème), le saint, m’rabit Ben Aïyoub, venus avec ses compagnons de la saquiyat el Hamra après avoir été chassés d’Andalousie, erraient d’un lieu à un autre pour diffuser la foi musulmane déchue en pays chrétien. Ils firent halte en ce lieu pour retrouver un peu de repos et de fraîcheur au bord d’un de ses oueds. Ces errants, hamlin, après un rêve prémonitoire de leur maître Sidi Aïyoub, décidèrent de rester en ce lieu qu’ils nommèrent à partir de leur propre situation d’errants. Ils fondèrent donc El Hamel - l’errant -,et ses habitants, les ancêtres de sidi M’had ben Belgacem, furent appelés shorfa El Hamel.

C’est donc un shrif par le sang, un m’rabit. Il est de fait couronné de la dénomination de Sidi El Mrabit, qui lui confère un savoir temporel et spirituel. Ajoutons à cela son affiliation à l’ordre soufi de la rahmanya de laquelle il acquit un bagage spirituel des plus sûrs. Une double légitimité était ainsi accordée à notre saint qui allait le doter de pouvoirs qu’il était difficile de ne pas lui reconnaître. L’administration coloniale elle-même, hésitante au début, traitant ces marabouts de fanatiques, comprit rapidement qu’il était plus judicieux de le mettre dans son camp. Elle renforça donc son pouvoir en lui accordant le statut de médiateur privilégié entre elle et les tribus qui lui étaient hostiles. Nous sommes en effet en pleine période de révoltes qui, dans ces régions du Sud algérien, vont s’intensifier pour connaître un pic en 1868 avec celle de Boubaghla puis, en 1871, avec celle de Mokrani qui en marquera la fin et consacrera l’installation définitive de la colonisation pour plus d’un siècle. Sidi Mhammed ben Belgacem évita les pires ennuis aux tribus qui contribuèrent manifestement aux révoltes, notamment celle des Ouled Naïl. Une partie de la famille Mokrani qui ne fut pas déportée fut ainsi prise en charge par la zaouïa et une rue leur fut affectée dans El Hamel.

C’est dans cette atmosphère politico-religieuse des plus mouvementées de l’histoire de l’Algérie que va être élevée Lalla Zeineb, la fille unique de Sidi M’hamed ben Belgacem.

Il sut très tôt qu’il devait l’élever dans la plus stricte éducation, pour lui permettre d’assurer dignement sa succession. On sait que, très petite, elle suivit son père dans ses nombreux déplacements à travers le pays pour étendre sa baraka et rendre visite à ses fidèles. Un des moqaddem de la zaouïa assura son éducation coranique, lui apprit les rudiments de l’écriture et l’initia aux principes de la zaouïa. A-t-elle réellement pu gravir les différentes hiérarchies de l’ordre ? La question reste posée car nous n’avons pas pu avoir accès aux archives de la zaouïa, dispersées entre les héritiers dont chacun détient une part, la gardant jalousement comme un butin.

Quoi qu’il en soit, à la mort de son père, en 1897, elle n’eut d’autre choix que de répondre au vœu du défunt de prendre avec abnégation la direction de la zaouïa. On peut penser que le charisme de Sidi M’had ben Belgacem était tel qu’on ne pouvait qu’exaucer son voeu. Mais les enjeux étaient de taille et cette nomination causa un trouble extrême, auprès de l’administration coloniale, en premier lieu, qui protesta contre cette nomination. En effet, toute nomination devant recevoir son aval pour être exécutée, elle avança que le cheikh ne laissait point de testament écrit. C’est en fait sur les cousins de Lalla, et notamment ceux qui avaient faits allégeance avec la zaouïa rivale des Oulad Djellal, que le commandant Crochart, administrateur militaire de Bou-Saâda, tablait. Le jeu de l’administration coloniale est bien connu : il s’agissait de maintenir la balance dans le sens qui lui était le plus favorable…
Il y avait également un enjeu économique : Lalla héritait d’une importante fortune que les rapports des administrateurs passèrent au peigne fin. En 1897, cette fortune s’élevait à plus de 40 000 francs de l’époque, non compris les bâtiments de la zaouïa. Elle se répartissait en différents produits : un troupeau (5 000 frs), des cultures et labours (12 000 frs), des jardins (16 000 frs) et une des ziyara (plus de 3 500 frs). Sans oublier les bijoux en or et argent dont Eudel9, dans son bel ouvrage sur la garantie algérienne, nous offre quelques spécimens. Cette fortune, l’administration coloniale tenait à la préserver car elle en tirait profit par l’impôt qu’elle exigeait chaque année. Et l’administration n’avait pas confiance en Lalla
Zeineb, une femme, lui préférant la garantie d’un homme, comme le cousin qui aspirait à cette direction.
Le pouvoir spirituel, dont elle hérita, était tel que l’on compta, en 1897, 164 moqaddem, ayant créé à travers le pays 29 nouvelles zaouïas affilées à Elhamel où enseignaient 168 taleb à 2 000 étudiants, et 43 000 personnes se déclarant adeptes de l’ordre.

Des chiffres qui firent peur à l’administration qui pensait au spectre de la dernière insurrection laquelle, sous la bannière de la confrérie rahmaniya, avait réussi à rassembler toutes les tribus pour le djihad, la guerre sainte, contre l’ennemi. Cette crainte était justifiée par le fait que les fils de Mokrani, Brahim et Mohammed Seghrir, vivaient depuis 1872 sous la protection de la zaouïa. On dit même qu’un des petits-fils était élevé par Lalla. Le rapport de l’administrateur remarquait qu’à ce petit-fils de Mokrani, elle destinait sa fortune et pourquoi pas la direction de la zaouïa.

Du côté des cousins, on prétendait qu’en tant que femme, elle ne pouvait accéder au poste de moqaddem de la hiérarchie de l’ordre, qui lui donnait droit à la direction. On lui suggéra d’épouser le prétendant à la direction. Ainsi l’honneur serait sauf, le futur mari s’occuperait des affaires importantes tandis qu’elle aurait sa part de responsabilité mais resterait dans l’ombre comme il est d’usage dans nos contrées. Mais Lalla ne l’entendait pas de cette oreille. Elle s’attacha à faire respecter le vœu de son père. De plus, elle se trouvait prête pour prendre de telles responsabilités et s’y était préparée. Ses partisans, et notamment la tribu des Ouled Naïl dont sa mère était issue, allaient l’y aider en la soutenant sans férir.

Elle-même usa de son pouvoir spirituel, faisant appel au rêve prémonitoire par lequel son père l’aurait enjointe par trois fois : « Je te dis ma fille après moi, c’est toi et après toi, c’est ton cousin ».

Lalla Zeineb avait l’envergure et le charisme de son père. Le prestige religieux qu’elle exerça découlait principalement de la vénération dont son père avait été l’objet. Elle y ajouta sa part à elle de générosité et surtout de bonté et son inépuisable charité qui la rendirent populaire. Le commandant Crochard se déclara vaincu, finissant par reconnaître le pouvoir politique et spirituel de Lalla. Il notait ainsi dans un de ses rapports : « En Zineb j’ai trouvé une femme intelligente, trop prudente pour s’engager de suite dans la voie des concessions, se tenant avec moi sur une grande réserve ; tous mes efforts enaceraient de se briser contre son grand désir de ne rien céder à son cousin » La tradition orale affirme cependant que les cousins n’auraient jamais admis cette situation et l’auraient contrainte à épouser l’un d’entre eux. Elle aurait fini par abdiquer, diton, et se serait vêtue de ses plus beaux atours pour ses noces mais aurait exigé que sa rencontre avec son futur époux se fasse dans le sanctuaire où reposait son père. Elle était déjà affaiblie par la maladie lorsqu’elle aurait prit cette décision et on dit qu’elle serait morte non dans les bras de son époux mais sur la tombe de son père... Cette légende confirme bien que la société locale n’admettait que difficilement le pouvoir de cette femme, même auréolée de baraka. Ehna m’asalimine oua mktefin (nous lui sommes soumis, pieds et poings liés), dit la société par la voix de cet adage pour composer avec cette anomalie sociale.

Ce pouvoir avait un prix. Lalla renonça aux joies et aux plaisirs de la vie. Son costume même reflétait son dévouement. Elle se présentait à ses convives et à ses fidèles sans le voile propre aux femmes du Sud. Habillée en robe blanche et suffisamment ample, la tête ceinte du cheich, turban propre aux hommes, elle recevait, traitait ou négociait avec les touristes de passage, ses fidèles et les personnalités des tribus ou tout autre personne et leur accordait la baraka tout en égrenant son chapelet avec sérénité. De ce renoncement, elle confia tout son regret à son amie Isabelle Eberhardt : « Ma fille…, j’ai tout donné toute ma vie pour faire le bien dans le sentier de Dieu ... Et les hommes ne reconnaissent pas le bien que je leur fais. Beaucoup me haïssent et m’envient. Et pourtant, j’ai renoncé à tout : je ne me suis jamais mariée, je n’ai pas de famille, pas de joie… »

Curieusement, le destin va unir ces deux femmes dans une mort très proche : Isabelle, en pleine santé, mourut tragiquement le 21 octobre 1904, quelque mois après cette rencontre, dans la crue d’un oued à Ain Sefra, tandis que Lalla Zeineb ne tarda pas à la rejoindre, succombant à la maladie le 26 novembre 1905.
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رائع suite ...et fin.

مُساهمة من طرف chikh الثلاثاء 20 مايو 2008 - 2:28

Conclusion
L’historiographie algérienne occulte ce personnage, tout comme elle le fait de son père, le fondateur de la zaouïa rahmaniya de Bou-Saâda. Bien que sans procès formel, cette zaouïa fut très tôt frappée d’ostracisme, taxée de collaboration avec l’administration coloniale, marquée en outre du sceau de son appartenance au maraboutisme, dit obscurantiste.

Cette historiographie ne retiendra que certaines confréries dont elle a inscrit par ailleurs les fondateurs dans le mouvement de résistance paysanne, les dépouillant de toute densité doctrinale. Le terme « confrérie » et « tariqa » disparaît d’ailleurs dès lors qu’on évoque les grandes insurrections menés par des cheikhs, nous dit Salhi Mohamed Brahim.

C’est ainsi que l’on va inscrire l’Emir Abdelkader, El Mokrani et Boubaghla, comme figures emblématiques de la résistance algérienne. Une seule femme va émerger dans ce panthéon réservé aux hommes : Lalla Fatma Nsoumer. Fille et femme d’une famille maraboutique de Kabylie, la zaouïa rahmaniya, elle souleva son village contre les troupes françaises. L’armée eut raison d’elle et Fatma Nsoumer fut tuée les armes à la main. Là encore, ce n’est que par la preuve, bien tardivement, qu’elle est reconnue et inscrite au registre des martyrs. Mais son origine maraboutique est complètement occultée.

Aujourd’hui, la réminiscence de cette dimension du religieux et sa prise en charge par le pouvoir politique, partielle et orientée, ne doit toutefois pas occulter le fait que la croyance populaire, notamment parmi les femmes, ne s’est, quant à elle, jamais totalement éloignée des pratiques dites extatiques et du culte des saints. Comme le dit Sossie Andézian, « loin d’être enfouis dans les mémoires, les saints sont sans cesse sollicités pour répondre à de nouveaux besoins »



Extrait /Colloque « Expériences et mémoire : partager en français la diversité du monde »
Bucarest, septembre 2006

Barkahoum Ferhati est docteure en Histoire et Civilisations (EHESS, Paris). Elle est Maître de recherche au CNRPAH, centre national de recherche préhistorique, anthropologique et historique, à Alger. Elle est également chercheure associée au CHIMM/EHESS, Paris, et professeure associée à l’École des Beaux-Arts d’Alger. Elle est l’auteure de plusieurs articles et de deux ouvrages : De la « tolérance » en Algérie. Enjeux en soubassement (1830-1962), Alger, Dar el Othmania, 2007 ; Le musée Étienne Dinet de Bou-Saâda. Genèse, Alger, INAS, 2004. Aujourd’hui, elle mène une recherche autour des femmes entre le Soudan et l’Algérie
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